Habilitationsprojekte

The Jewish Hat – Metamorphoses of a Sign

 

From the twelfth to the seventeenth century, a cone-shaped hat called pileus cornutus served as a distinguishing sign for Jews in the German-speaking regions of the Holy Roman Empire. What did such a hat signify previously, and how did its meaning change after it was imposed on Jews by papal decree in the thirteenth century? This study traces its history as far back as the Bronze Age, when a cone-shaped hat was a symbol of divinity, and on to Greek antiquity, when a pointed “Phrygian” hat was used as a means of identifying barbarians. Traveling on to Rome, where it was known as a pileus, the hat became a symbol for emancipated slaves. Its imposition on Jews in the Middle Ages was a turning point. In increasing numbers of representations of deceived and deceiving hat-wearing Jews on church fronts and furniture, on reliefs and stained-glass windows, in art and illuminations, the stigma increasingly came to represent depravity itself. It proliferated. Pointed hats began to appear in representations of a variety of devious figures, real and mythical, including heretics, criminals, and dwarfs – from medieval magicians to contemporary popular culture. Following the course of the pileus not only sheds light on a singular symbol of otherness; it also stands as a paradigmatic case of a “traveling concept” and helps to refine our understanding of cultural transfer—of culture as transfer.

Histoire et réception de la vie de Jésus selon les Juifs (Toledoth Yeshu)

Les Toledoth Yeshu, l'une des plus importantes traditions juives anti-chrétiennes, racontent la vie de Jésus dans une perspective franchement polémique. Mais ils s'apparentent aussi à une sorte de roman comique, dans lequel la religion de l'"autre" devient une sorte de farce. Ce projet vise à montrer comment des religions à la fois très proches et très différentes s’interprètent mutuellement, et énoncent les critères de leur distinction, transforment le regard qu’elles portent l’une sur l’autre au gré d’une histoire conflictuelle mais néanmoins connectée.

Les Toledoth Yeshu (Vie de Jésus) constituent une tradition surprenante, qui a, ces derniers, suscité un regain d’intérêt de la part des chercheurs travaillant sur l’histoire des relations entre juifs et chrétiens dans l’antiquité tardive et au moyen-âge. Les Toledoth Yeshu racontent la vie de Jésus dans une perspective à maints égards burlesque, mais aussi très nettement polémique. L’on a d’ailleurs pu désigner ceux-ci comme une sorte de parodie des évangiles, ou d’anti-évangile. Plus que d’un texte unique, aux contours bien délimités, il s’agit en fait d’un récit qui se présente en de nombreuses variantes, qui ont d’ailleurs récemment fait l’objet d’une nouvelle édition critique. Ce récit fait de Jésus un faux prophète et un charlatan ayant dérobé le nom explicite de Dieu dans le saint des saints du temple de Jérusalem dans le but d’opérer divers prodiges et se faire passer pour le messie, gagnant à sa cause une foule de vauriens imbéciles. Accusé par les sages de pratiquer la sorcellerie et d’inciter le peuple à l’idolâtrie, il sera finalement jugé puis exécuté. Plusieurs versions complètent ce récit par une brève histoire des origines du christianisme et de la séparation des chemins entre juifs et chrétiens.

Le présent projet propose d’explorer l’histoire et la réception de cette tradition dans le but d'offrir un nouvel éclairage sur l’histoire des relations entre juifs et chrétiens. Notre intérêt porte en particulier sur les représentations mutuelles qui ont façonnés ces relations depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne, et d'interroger, en partant d’un exemple textuel précis, les dynamiques de polémiques et de conflit, mais aussi d’interaction, d’échange, et de transferts culturels entre les deux traditions religieuses.